Parcourir les lieux du virtuel, du cinéma à la VR  Séminaire du 27.01.23

Illustration - © :  Julien Tromeur - unslasph.com

Sorbonne-Nouvelle : Lancement du séminaire des Écritures Immersives au sein de la Cité des Écritures : vendredi 27 janvier 2023

Dans le cadre de la Cité des Écritures de la Sorbonne Nouvelle, le séminaire Écritures immersives s’attache, à mesure que les technologies immersives pénètrent les domaines culturels et créatifs, à la diversité des nouvelles écritures attenantes.

Cette diversité s’exprime tant du point de vue des scénarios ou de leurs rapports aux temps et aux espaces de narration, que du point de vue de la place et du rôle des publics qui se trouvent placés (immergés) au cœur de ces œuvres culturelles.

Porté par les unités de recherche IRCAV et IRMÉCCEN de La Sorbonne-Nouvelle, ce séminaire se veut foncièrement pluri-disciplinaire et ouvert, à la fois aux collègues de l’université et d’autres établissements ainsi qu’à des intervenant.e.s du monde professionnel.

Séance inaugurale : Vendredi 27 janvier de 10h à 12h.
Salle du Conseil, Maison de la Recherche, 4 rue des Irlandais, dans le 5e arrondissement.

Le programme de cette séance :

PARCOURIR LES LIEUX DU VIRTUEL – DU CINÉMA À LA VR

Présidence de séance : Guillaume SOULEZ (Professeur, IRCAV, USN)

• Intervention n°1 : Du virtuel au lieu, la question de l’immersion – Guillaume Soulez

Intervenant : Guillaume Soulez est professeur en cinéma, audiovisuel et communication à l’UniversitéSorbonne Nouvelle et membre de l’Institut de recherche sur le cinéma et l’audiovisuel (IRCAV). Ses recherches portent principalement sur l’activité interprétative des spectateurs du cinéma et de l’audiovisuel via la construction d’un modèle : la “délibération des images“. Les domaines de mise à l’épreuve de cette démarche sont les formes discursives au cinéma, la question documentaire et web-documentaire (le clic comme engagement-positionnement), les séries télévisées, l’expérimentationaudiovisuelle et les questions de morphologie des médias (à travers l’intermédialité et la généalogiedes médias). C’est dans ce cadre qu’il s’intéresse à l’immersion virtuelle.

Descriptif : Guillaume Soulez proposera d’explorer comment la question du lieu dans l’immersion virtuelle en tant que lieu d’ancrage concret d’une expérience permet de mieux comprendre le dispositifde la « réalité virtuelle », en revisitant la théorie du cinéma dans une perspective tout à la fois inspiréede Deleuze (le virtuel comme contraire de l’actuel, non du réel) et de la pragmatique du lieu. Ce point de départ permet d’envisager une démarche pluridisciplinaire avec, notamment, des praticiens de l’écriture immersive, des théoriciens de la communication interactée et des spécialistes des formesaudiovisuelles.

• 2. De l’écriture à la scène : le pouvoir du lieu – François Garnier

Intervenant : Francois Garnier est réalisateur et professeur à l’école de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, et responsable du groupe de recherche Spatial-Media de EnsadLab. Ses recherches, en art & design, portent principalement sur l’étude des pratiques artistiques émergentes dans les espaces numériques et le développement des nouvelles formes de médiations spatiales. Il s’agit de tenter de définir les contours de ce nouveau média, en étudiant sa phénoménologie, ses caractéristiques techniques, ses usages et ses formats, et en questionnant ses relations avec les média pré-existant, notamment le cinéma ou le théâtre.

Descriptif : Francois Garnier fera un bref rappel des différentes formes de médiations spatiales numériques, monde virtuel, réalité virtuelle, mixte, ou augmentée, et des propriétés qui les regroupent. Puis il s’interrogera sur la nature de ces lieux virtuels en s’appuyant sur les recherches et les expérimentations artistiques réalisées par son équipe, mais également, sur les apports de l’esthétique, des science cognitives et des science de l’information.
Immatériels, mais habités, toujours hybrides, car forcément actualisés par des corps physiques et situés, comment ces lieux d’expériences peuvent-ils faire récit ?

• 3. Immersion et lieu virtuel : espaces et écritures sonores – Olga Kobryn

Intervenante : Olga Kobryn a soutenu sa thèse, Esthétique de la durée, à l’Université Sorbonne Nouvelle en 2015. Maîtresse de conférence contractuelle à l’Université de Metz de 2018 à 2020,directrice du département « Langues, culture et communication » à l’ENSTA- Institut Polytechnique de 2020 à 2023, elle est chercheuse associée à l’IRCAV et enseigne notamment au sein du Département Cinéma et Audiovisuel de la Sorbonne Nouvelle. Spécialisée en cinéma russe et cinéma expérimental, elle consacre plusieurs de ses travaux actuels à la question du virtuel, en particulier l’animation du programme « Lieux du virtuel » avec Girona et Chicago et la direction d’un numéro de Théorème dont la sortie est prévue en 2024.

Descriptif : Pour son film Solaris (1972), Andreï Tarkovski, qui se préoccupe de l’organisation sonore de l’œuvre autant que de son organisation visuelle, demande au compositeur de musique électronique et mixte Edouard Artemiev, de créer non pas une musique d’accompagnement mais un tissu sonore tangible composé de strates de bruits : « La musique me gêne, elle transforme l’image en peinture. Je voudrais des sensations sonores réelles. » Il s’agit d’un principe-précurseur du traitement sonore et de la sensation de la tangibilité spatiale dans les œuvres VR où la matérialité des sons concrets contribue à l’expérience d’ancrage physique de l’immersant à l’intérieur d’un espace virtuel tout en jouant le rôle de vecteur d’orientation et de conducteur d’interactivité. De manière générale, le son présente une dimension spécifique des images en réalité virtuelle : outre le volume (l’intensité), le son est traité du point de vue de la phase, des effets de transitions et de différentes réverbérations correspondant ainsi à la sensation de la matérialité de l’espace rendue perceptible (sensation de l’épaisseur d’un objet, création d’une distance perçue par l’immersant entre l’objet et son propre corps, etc.). Cette communication vise à préciser, à travers l’analyse des œuvres et une réflexion philosophique autour des concepts de territoire sonore, de phonotope et de ritournelle (Deleuze), le rôle du son et de son écriture dans les créations VR.